30/01/2011

Best of NON PROFIT : Save As WWF

La bonne résolution de l'année, applicable au quotidien et au bureau : "Save as WWF, save a tree".




J'aime ce projet car WWF propose quelque chose de concret, très ancré dans le quotidien de nombreux consommateurs (tout ceux qui travaillent sur un ordinateurs...), quelque chose d'utile. C'est très innovant. On passe ici d'une posture moralisatrice et alarmiste (voire culpabilisante, on a vu des campagnes assez gores) à une complicité et une relation de service au public. Plutôt que d'essayer de nous informer et de nous convaincre - ce qui est largement réalisé concernant la déforestation- elle nous permet d'appliquer nos convictions et d'agir. Une véritable mobilisation, plus utilise que les manifs ou les appels à retirer son argent des banques !

En terme de moyen, cette innovation n'est pas onéreuse.
- développer un software, ce qui ne semble pas ultimement compliqué (et quand on voit toutes les applications Facebook/ mobiles ludiques développées par les marques..)
- réaliser une vidéo (avec une version anglaise)
- créer des pages et liens Facebook et Twitter, évidemment...
Ce genre de contenu est parfait pour un "buzz" car il s'inscrit dans les usages et conversations de bureaux. Elle cible aussi bien les particulier dans leur vie professionnelle ou privée que des entreprises qui mettent leur documents à disposition sur le web. Or qui n'a pas envie de communiquer du "green" en ce moment ?

Last but not least, c'est un tour de force en terme de branding car la marque devient le nom d'un format... Or le nom de l'association s'y prête parfaitement. Elle utilise son sigle, qui peut sembler difficile à comprendre ou un peu froid (vs Greenpeace par exemple, beaucoup plus évocateur et aspirationnel), et fait de ce point faible un atout massif. Avez-vous compté le nombre de fois par jour où vous utilisez les noms d'extensions et de logiciels ? "Tu peux m'envoyer ton Xcel ?" "Le client voudrait un PPT dans la journée" "Je lance une invitation Outlook", sans compter les dérivés comme : "Je n'arrive pas à pédéaifiser mon fichier" ! Plus on répète, plus on retient, plus la marque est "top of mind"... C'est la mécanique ancestrale de la pub.

Cette nouvelle utilisation de la marque WWF, déjà très connue, apporte de la familiarité et ancre l'utilité de la marque dans un usage quotidien. WWF, ce n'est plus qu'un institution, c'est aussi quelque chose que j'ai dans mon ordinateur. Dès le début de la vidéo, on se retrouve en terrain connu, le mode de communication habituel d'une ONG pour l'environnement, mais rapidement apparaissent des icônes familières... Enfin ces deux univers de signes sont rassemblés dans le logo du format WWF : un arbre stylisé avec le petit cartouche similaire à PDF.
Bravo WWF et... à votre tour :
http://www.saveaswwf.com/en/how-can-i-participate.html

Spécial dédicace à la tribu Verfaillie, mes écolos préférés (oui, c'est Noël, c'est dédicace.)

23/01/2011

2011 : Et toi, tu as combien de bateaux ?

Trèèès en retard, je ne reviens pas avec de bonnes résolutions mais avec quelques interrogations qui me suivront je crois en 2011 !!


Conversation quelque part sur l'eau et sous le soleil : après l'inévitable "Where do you come from ?" survint une question des plus surprenantes : "Tu as combien de bateaux ?"  Avouez que ça change de l'éternel "Et vous faites quoi dans la vie ?" des dîners parisiens, qui sert à mesurer le niveau de vie et de culture de son interlocuteur. Personne n'osera vous demander votre salaire mais il est nécessaire de situer l'autre dans le monde. Cette impulsion humaine, de chercher à placer chacun à sa place, serait-elle universelle ?
Elle révèle en tout cas les leviers culturels dans laquelle nous vivons. Pour les boatmen de la mer d'Andaman, la réussite personnelle et sociale se comptent en bateaux. Un bateau est un trésor si vous vivez dans des îles. Sans bateau, vous dépendez des autres pour vous déplacer, trouver votre nourriture. En restant sur votre île, vous pouvez bien sûr vendre des noix de cocos ou récolter le caoutchouc mais votre activité restera limitée : dès que l'activité se fait commerce vous vous trouvez d'emblée en dette envers le transporteur. Si vous posséder une petite flotte, vous êtes le roi du monde.
Chez nous, c'est par le travail que nous définissons notre identité sociale. Qu'advient-il dès lors de ceux qui ne travaillent pas ?? Les activités amateurs sont très peu considérées, peu ou pas rémunérées, alors que leur utilité sociale est importante. Vous verriez-vous répondre au fameux "Que faites-vous dans la vie ?" "Je fais de l'aquarelle" ou "je fais des enfants" ?? La prochaine fois, promis, je répond "Non, je n'ai aucun bateau...".

2011 sera encore une année de changement et de remise en question pour les marketeurs de tous les pays. Malgré la reprise, des difficultés sont encore en vue pour les marques et il s'agit de se poser les bonnes questions, parfois de voir les problèmes sous un nouveau jour voire d'oser changer de paradigme... Après la tempête, comment reconquérir la confiance des consommateurs, toujours plus méfiants, plus exigeants, plus dispersés ?? 

31/12/2010

Blog en vacances

Ce blog est temporairement en vacances. Quinze jours sans bloguer, et un départ pour d'autres tribulations..
Une très belle année à tous !

27/12/2010

Le grand potlatch de Noël

Bonnes fêtes à tous les suiveurs de mes Tribulations...
Depuis que je me suis plongée dans les sciences sociales, le phénomène des fêtes m'intrigue beaucoup. Tant d'énergie et d'argent dépensés en si peu de temps !! Cette foule aux abords des grands magasins ! Sans compter toutes les manifestations dans les médias : shootings modes, catalogues thématiques, merchandising qui vire au spectacle populaire... Le grand potlatch de Noël est un pilier du commerce et de l 'industrie chez nous. Car que serait Noël sans les courses de Noël, les festins partagés et surtout l'échange de cadeaux ??

Le potlatch est une cérémonie basée sur le don pratiquée par de nombreux peuples aux quatres coins du monde. Le terme est issu du chinook ("le don") mais ce sont chez les Iroquois et les peuples de la côte Pacifique que le phénomène a été particulièrement bien documenté. Ce fut un objet phare des ethnographes, et c'est un sujet fondateur de l'anthropologie, gràce en particulier à Marcel Mauss. Guy Debord s'en est également inspiré pour élaborer sa théorie du spectacle.

Lors d'un potlatch on chante, on danse, et on célèbre l'abondance par des échanges d'aliments ou d'objets de valeur. Tout cela reflète et renforce les hiérarchies sociales. Ce ne sont pas les familles les plus riches qui règnent sur le clan mais celles qui donnent le plus !! Cependant les cultures du don ne sont pas fondées sur la générosité absolue des individus, mais plutôt sur la réciprocité. Chacun donne des produits ou services librement, gratuitement mais cet acte est inscrit dans un système. Dans le fond, il est intéressé : on retire de ce don du prestige social, une réputation, du pouvoir, ou l'on attend de recevoir quelque chose d'utile pour soi et les siens en retour. On considère souvent ces systèmes comme archaïques, en comparaison avec nos systèmes où l'argent joue le rôle de média dans les échanges. En réalité les économies du don étaient complexes et raffinées, et comportaient des dimensions religieuses, éthiques et esthétiques.

Il existe encore des cultures du don, souvent coexistantes avec une économie du troc ou de marché, bien qu'elles aient du mal à fonctionner dans le contexte de la mondialisation actuelle. On peut dire qu'elles persistent à l'échelle locale voire familiale. Les "potlucks" aux Etats-Unis sont des repas en commun où chacun apporte quelque chose. Et il vous arrive de rendre service ou de donner des choses à vos proches, sans attendre de retour immédiat, non ? Ces habitudes entretiennent les liens de façon symbolique, et l'objet offert rappelle la présence à l'autre dans sa vie quotidienne, un peu à la façon des autels des ancêtres.

Les célébrations de Noël et de la nouvelle année en sont l'exemple flagrant. Comment définissez-vous les limites de votre famille ? Ce sont ceux à qui vous faites des cadeaux et avec qui vous partagez le repas de Noël. Parfois, on invite de nouveaux venus, dans un rituel d'intégration. C'est aussi  le moment de manifester notre solidarité envers les plus fragiles : on prend le temps de discuter avec les ancêtres, on chouchoute les enfants, qui sont l'avenir de notre famille... Celui qui n'apporte pas de cadeau, ou qui a "oublié" certains membres de la famille est mal vu. Celui qui apporte un cadeau de moindre valeur aussi. C'est comme s'il s'excluait lui-même du cercle. Chacun veut participer, apportant du champagne, des chocolats... Et on célèbre cette sur-abondance, on se rassure tous ensemble face à la précarité. Les danses indigènes avec leurs masques et leur cris vous semblent barbares ? Que dirait un Iroquois en vous observant devant votre sapin de Noël couvert de breloques dorées, hurlant à minuit et déchirant des papiers de couleurs ?

Il existe aussi de nos jours des mini-économies de dons, par exemple le don de sang ou d'organe, et les dons caritatifs et solidaires. Dans certains pays qui ont connu des difficultés économiques très graves, des économies de don ou de troc sont réapparues. Surtout, l'ère Internet est marquée par de nouveaux systèmes d'échange similaires aux cultures du don, à l'instar des les logiciels libres et du peer-to-peer. Certains penseurs de l'Internet et des courants anarchistes militent même pour un retour à une économie de don, où la propriété serait abolie !! Il est évident que la propriété intellectuelle est fortement mise à mal par le web, et qu'il est nécessaire de la repenser. Les sociétés primitives, qui survivent toujours sous la surface, pourraient être une source d'inspiration intéressante...

21/12/2010

L'Oréal Luxe + TF1 = Nikos rêve

Les marques se font médias et la frontière entre les deux est de plus en plus difficile à discerner. Tandis que la pub recule sur les chaînes publiques, TF1 avance à grand pas dans le brand content... 

Cette semaine Nikos, présentateur vedette, introduit "3 minutes de rêve", une opération de communication de l'Oréal Luxe pour les fêtes. Trois parfums seront à l'honneur le 22/12 en soirée : Trésor, Parisienne et Acqua di Gioia dont on verra les derniers spots, diffusés au cours d'une "émission publicitaire". Un nouveau format spécial fêtes...




Impressionnant, non ?

- Les moyens déployés sont colossaux : 3 minutes en prime time (après le JT du soir le 22/12) + les teasers de 20 secondes toute la semaine... Et un mini-site dédié sur TF1.fr avec jeu concours.



L'approche multimarque est intéressante. En parallèle, L'Oréal Luxe est en train de déployer un dispositif web multimarque construit autour d'une présence massive sur YouTube (cf DOCNEWS) à l'échelle internationale (Fred&Farid, ZenithOptimedia), avec des innovations pour chaque marque : habillages évènementiels, spot interactif, et surtout websérie sur Facebook pour Amor Amor (Dagobert, détail sur HushHush).


-Les spots luxe se vendent de plus en plus comme du cinéma (cf ces posts). Ce sont d'ailleurs les versions longues, qui correspondent à ce qu'on a vu sur les grands écrans, qu'on verra sur TF1. Cette mini-émission est un véritable écrin pour les vidéos. L'évènementialisation les met en valeurs, bien mieux que si elles étaient diffusées simplement, même en prime time. Cela permet aussi à L'Oréal de faire de la pub sans en avoir l'air, une bonne stratégie quand on constate que les consommateurs sont de plus en plus méfiants.

- La combinaison de la proximité et du rêve est une recette de choc. Nikos est un visage plus que familier, avec qui une grande partie des téléspectateurs ont eu "rendez-vous" des semaines durant... Il incarne l'Homme pour cette opération l'Oréal, une figure d'identification forte : Nikos est une figure aspirationnelle mais ce n'est pas Brad Pitt non plus, il parle "comme vous et moi" et contrairement aux mannequins, c'est une "vraie personne".

Personnellement, il me semble que c'est quand même beaucoup de bruit pour rien... Tant qu'à monter un tel évènement TV, L'Oréal pourrait proposer un contenu réellement nouveau. Le dispositif web parait bien plus approfondi, et plus créatif... On attend donc les résultats de cette opération, à la fois sur les ventes de parfums à Noël et sur le plan corporate !

20/12/2010

Pub en papier

Tandis que les nouvelles technologies sont un filon d'innovation créatives pour les marques, entre 3D, gaming, social advertising... Certaines marques choisissent de revenir au bon vieux papier.

La Blue motion de VolksWagen est promue en Belgique avec une campagne réalisée avec des décors en matériaux de récupération (papiers, carton...), déplacés manuellement, qui ont été ensuite récupérés pour réaliser des affiches. Le résultat ? Une esthétique vraiment différente et une cohérence avec le message : "Volkswagen BlueMotion. Bienvenue dans l’ère de la déconsommation". Il semblerait que cette campagne soit réellement écologique, et que l'agence (DDB) ai pris en compte les déplacements, les dépenses énergétiques...



Pub en papier recyclé ca cartonne

La Korrigane, bière artisanale, a lancé une campagne révolutionnaire au Québec... En proposant à des artistes et créatifs de faire une publicité papier sur un encart vierge dans la journal Voir (agence Cossette) !
Très authentique, en accord avec l'ADN de la marque, cette pub est aussi hyper-personnalisée. Elle confère une réelle valeur artistique et affective à la publicité, qui est souvent balayée d'un regard, gribouillée, jetée aux ordures...




Leo Burnett Dubaï a fait faire un billboard entièrement dessiné à la main pour Chevrolet. Le claim ? "We saved money by hand-drawing this ad. So you pay less for the car", "Nous avons économisé de l'argent en dessinant cette publicité à la main. Donc vous payez moins pour la voiture." 





16/12/2010

Nutrition : que savent les consommateurs ?

Côté nutrition, j'avoue je suis une bobo, une sans-sucre, tendance orthorexique. Mais les questions nutritionnelles en marketing sont une problématique sérieuse. Il ne s'agit pas que d'une mode mais d'un vrai problème de société : en France la moitié de la population adulte est en surpoids ou obèse. Nous avons accès à une diversité d'aliments extraordinaire, mais de plus en plus de produits sont préparés. Du coup si on mange moins en quantité que nos ancêtres, notre alimentation est beaucoup plus riche. Et nous faisons beaucoup moins d'activité physique.


Heureusement, les tendances alimentaires sont en train de changer profondément. La sur-consommation et le toujours-plus ont bien vécu. On voit émerger une aspiration à manger mieux (mais pas forcément moins !), à choisir des aliments simples, authentiques, une envie de se rapprocher de la nature et de retrouver les traditions. Deux grands imaginaires qui sont utilisés à foisons (cf Jardin Gourmands de Taillefine pour l'un, les desserts Bonne Maman et La Laitière pour l'autre). C'est toujours le plaisir qui est au centre, mais il est différent d'il y a quelques années, il évolue avec notre système de valeur.


Les régimes miracles et tous les produits "light" sont en train de passer de mode aussi. D'ailleurs plusieurs méthodes d'amaigrissement sont fortement remises en question dans les médias depuis quelques semaines. Le régime comme mode de vie permanent est décrié par de nombreux spécialiste. Les produits allégés en sucre et en matières grasses, banalisés et sortis d'un usage "régime", perdent de l'attractivité, la crise favorisant plutôt des produits plus basiques mais moins chers. La tendance serait plus à une recherche de santé à long terme, d'équilibre et d'épanouissement personnel à travers la nourriture, son achat, sa préparation et bien sûr sa consommation.


Nous sommes depuis quelques années submergés de messages santé. Anxiogènes ? Responsabilisants ? Les aliments santé et les "alicaments" constituent un véritable marché. Dans la mesure où la population vieillit et où nous avons de plus en plus peur de vieillir (et de vieillir mal), les besoins nutritionnels changent et les envies aussi. Grenade, probiotique, calcium, oméga 3... Les aliments et leurs "claims" santé sont de plus en plus surveillés, et la réglementation sera sans doute de plus en plus sévère.


C'est d'ailleurs le cas pour l'ensemble des produits. En ce moment nos Ministres sont en train de mettre au point une réforme de l'étiquetage nutritionnel des aliments préemballés à l'échelle de l'Europe. Bientôt les industriels de l'agro-alimentaire devront mentionner sur leurs packaging la valeur énergétique  du produit ainsi que la quantité de six nutriments (avec une taille minimale des caractères !).


L'information du consommateur, c'est un minimum... Mais que comprennent-ils au juste ? Il semblerait qu'une majeure partie des consommateurs soient noyés dans cette masse d'information. TNS a publié un extrait de son étude Nutriscope, réalisée en mai dernier sur 1020 personnes en face-à-face. Les vitamines, ça va... les antioxydants, c'est moins évident ! Quand à la Stévia, visiblement je suis une des rares fans.






Voici la conclusion de Pascale Grelot-Girard, directrice du département Consumer de TNS Sofres, dans son étude sur les connaissances et les comportements nutritionnels en septembre dernier : " Réapprendre au consommateur à « Manger Mieux », tout simplement, véhiculer des messages simples et positifs, faire preuve de pédagogie, telles pourraient être les pistes à investiguer aussi bien par les industriels que par les pouvoirs publics. " Voilà qui constitue un vrai défi pour les marques. Et pour notre société en général. Je fais partie du panel Nutrinet-Santé, il est ouvert à tous et je vous encourage bien sûr à participer !


Spéciale dédicace à Mme Sexe, Drogue et Nutrition