31/08/2010

Nostalgie quand tu nous tiens...(la rentrée de Lustucru & Mousline)

La rentrée des classes suscite chez beaucoup un brin de nostalgie... Il y a les achats "de rentrée", pour débuter l'année du bon pied, le cartable toujours trop lourd, le stress et l'excitation du premier jour... Chez les marques aussi ! Deux marques de food mythiques ont décidé de miser sur la nostalgie : Mousline et Lustucru. Des marques par essence familiales et liées à l'enfance prennent judicieusement la parole en ce moment.
Avec l'avalanche d'innovation sur le marché food, comment communiquer sur des produits qui n'ont rien de nouveau (presque vieux comme le monde à mon échelle personnelle) ? Lustucru avec ses pâtes aux oeufs et Mousline avec sa purée deshydratée n'ont rien de nouveau à exprimer. Ils peuvent revenir sur la dimension nutritionnelle de leurs produits, qui est une préoccupation croissante du consommateur, relifter leur packaging... Comment et surtout où rappeller leur éternelle présence ?

Mousline (Maggi/Nestlé) revient en communication avec un copié/collé de son spot de 1978 (Publicis Conseil). Il met en scène une famille idéale, avec une maman qui chantonne et un enfant qui fait un petit volcan avec sa purée. Le slogan ? "Il y a du bonheur dans l'air" ! Je ne reviendrai pas sur la dimension normée et caricaturale de la famille... Le timing, qui touche les mamans qui n'ont plus le temps de cuisiner avec la reprise scolaire, et le repli sur des valeurs sûres gestes d'un quotidien réenchanté ainsi que le côté "musical" me semblent plutôt bien vus. Mais il semblerait que le second niveau de lecture ne soit pas bien perceptible. Est-ce une parodie ou est-ce au premier degré ?? C'est la raison pour laquelle cette campagne ne plaît pas toujours, elle a été brocardée sur la blogosphère comme chez AdTimes qui crie au "fiasco nostalgique".

Mousline, l'ancienne :



Mousline version 2010 :


Nouvelle publicité TV Mousline (Maggi) en avant première !
envoyé par astucieusesmaggi. - Découvrez plus de vidéos de mode.


Lustucru choisit de revenir avec son héroïne ancestrale, Germaine alias la mère Lustucru, enlevée par les extra-terrestres en 1984. Le scénario paraît similaire : des aliens ont débarqués sur Terre... Mais les héros anciens sont projetés dans l'univers des blockbusters actuels dans un film long très bien réalisé. La confrontation entre les militaires américains obsédés des aliens et les gentils hommes verts est décapante ! Jouant la carte de la parodie, les spots ont de grande chance de générer du bouche-à-oreille des bureaux aux cours de récré. On sort de la caricature de la "cible familiale" pour s'adresser à chacune de ses composantes : les enfants séduits par les martiens rigolos, les ados fans de cinéma hollywoodiens, les nostalgiques... Le scénario débouche en plus sur un rappel "ingrédient" à la fois nutritionnel, authentique et gourmand : les martiens sont venus chercher des oeufs sans lesquels les pâtes Lustucru ne seraient pas ce qu'elles sont.

La pub des années 1980 :



Quelques images du film long :





Le site :


Le dispositif (BDDP Unlimited) mise sur un site internet (germainetlesmartiens.com), un format long diffusé sur le web et trois spots TV, accompagné de jeux en réalité augmentée et de pages Facebook. Un mix média joliment complet qui n'oublie personne.
La nostalgie est à double tranchant, elle capitalise sur le passé des marques mais doit prouver qu'elle sait innover et reste bien d'aujourd'hui. Le lien entre passé et présent est à manier avec précaution, au risque de passer pour un ringard total...

30/08/2010

Staycations, stoliday ou holistay ... restez chez vous !

Staycations, stoliday ou holistay : ces trois termes recoupent peu ou prou le même phénomène.
Les familles font le choix de rester chez elles, ou du moins dans leur région ou leur pays, pendant les vacances.
A l'inverse du rituel national de migration estivale, bien ancré depuis le début des congés payés, 42% des Français ne partent pas en vacances cette année et c'est dans l'ensemble 10 points de plus qu'en 2005 (sondage Ifop cf article du Nouvel Observateur). 80% des séjours des Français se feront en France et 20% à l’étranger cet été d'après une enquête Protourisme.
Ce trend est bien sûr lié à la baisse du pouvoir d'achat et est avant tout le résultat d'une contrainte économique. Mais ces "vacances à la maison" semblent plutôt bien vécue par les consommateurs. Le fantasme de l'exotisme de masse, et du farniente au soleil, très prégnant depuis le développement des clubs balnéaires et des offres "all inclusive", serait-il en perte de vitesse ?
Ce serait plutôt que la proximité fait un retour remarqué. Le cocooning et le fait-maison gagnent du terrain dans toutes les classes sociales. Les vacances redeviennent avant tout l'occasion de prendre du temps pour soi, pour être avec ses proches et se reposer, et non plus le moment d'accéder à un petit morceau de luxe... Jusqu'à la rentrée !

26/08/2010

Ecrans tactiles et tactiques à Shangai

"Médias tactiques", "médias contextuels" ou "média de proximité", au-delà des grands médias classiques et du web fourmillent des milliers de supports pour toucher le consommateur. Entre les sachets de boulangerie, les voitures customisées, les tables de cafés et bien sûr tous les "mobile devices", les espaces ne manquent pas. Ils permettent au marques d'entrer dans le quotidien de leur cible, et permettent des rappels ludiques et créatifs des campagnes lancées sur des mass media.

A Shanghai ce sont les écrans "contextuels" et "de proximité" qui se multiplient.



Par exemple on en trouve dans les taxis, au dos des appuis-têtes des passagers avant soit face au regard des passagers arrière. L'idée est géniale : voici un temps mort dans une journée, souvent passé à lire les journaux ou au téléphone. C'est aussi bien ciblé : les consommateurs qui prennnent le taxi ont un certain pouvoir d'achat. On retrouve également des écrans intégrés aux miroirs dans les... toilettes des bars branchés ! Encore un moment d'attention flottante mis à disponibilité des marques. Une image mouvante juste à côté de votre reflet capte votre regard immédiatement. Il serait même possible de cibler : dans les toilettes des femmes, on trouverait des produits cheveux... avec le distributeur d'échantillon à côté ??

Ces écrans sont de bonne qualité et souvent tactiles. Ils diffusent des images en continu mais proposent aussi au client de choisir le thème ou la marque qui l'intéressent. On peut découvrir une nouvelle marque cosmétique pendant que son voisin regarde un nouveau téléphone.  Les contenus se situent entre la télé et le web : pas vraiment des spots, pas vraiment des sites. Des animations de grandes qualités, de quelques minutes, se succèdent. La navigation est simple et fluide, il est possible d'abréger la diffusion ou de zapper. Voici donc de la publicité sur-mesure, entièrement personnalisée !

Mieux encore, dans un taxi j'ai eu droit à une enquête conso : un petit panda à l'écran proposait plusieurs thèmes, et quelques questions rapides suivaient. Ce questionnaire, que j'aurai soigneusement évité sur le web par exemple, a pris quelque minutes entre un échange avec le chauffeur et mon arrivée à destination. Ces nouveaux écrans ont le mérite de ne pas être intrusifs. Si vous ne le souhaitez pas, vous pouvez simplement ignorer l'écran et regarder le paysage... On les attend en Europe !

24/08/2010

Some more heroes (again)

Comment ai-je pu oublier dans mon post précédent LA campagne d'affichage qui fait buzzer en ce moment dans le métro et sur la toile ?



MacDonald's a récupéré de nombreux héros pour son opération de rentrée (BETC Euro RSCG), entre autres Astérix et toute sa bande festoyant joyeusement dans une enseigne... Les irréductibles gaulois cédant à la tentation du hamburger ? La France s'émeut...
Entre nous, on peut bien manger du sanglier sauce Mamie au quotidien et emmener les petits manger un Happy Meal de temps en temps, non ?
MacDonald's montre ici comment sa mascotte, le clown Ronald, ne prend nul ombrage de la cohabitation avec d'autres héros issus des médiacultures. Depuis longtemps il vit aux côtés des personnages populaires du moment, présents en partenariat dans les menus enfants. Ici la chaîne de fast food démultiplie les héros pour prouver combien elle accueille tous les styles à bras ouverts.

23/08/2010

Some more heroes

La suite des mascottes... Voici des mascottes "exportées". On a déjà parlé ici du Bibendum et de la Vache Qui Rit. Ce sont des héros créés par la publicité, entrés dans l'imaginaire collectif et qui deviennent à présent de véritables personnages d'animation. En ce moment on peut voir le cas inverse : des héros issus des médiacultures qui entrent en publicité. Bien sûr, les personnages de Disney sont des amis rêvés pour les marques. La "nouvelle génération", mise au service du parc d'attraction de Marne-la-Vallée et plus précisément les jouets de Toy Story remportent nombres de casting haut la main.
Ils sont devenus les promoteurs de Carrefour, avec une campagne d'affichage et un jeu sur le web.



Le cowboy Woody vante également les mérite du dernier monospace familial de Peugeot



Le spot est joliment commenté chez DigitalMarmelade.

Buzz est en service commandé pour SFR



Et top of the top, Barbie présente la nouvelle Chupa Chups !
Déjà Barbie officiellement entrée chez Disney via Toy Story, ce n'était pas anodin....
Mais Disney + Barbie + Chupa Chups, trois marques mythiques qui font appel à vos souvenirs d'enfance, un brin d'actu par dessus : un cocktail fort efficace. La mini femme avec sa mini sucette rend le produit plus glam et très ludique. La compatibilité graphique est évidente...



Mais le choc des héros de la rentrée, ce sont les grandes campagnes de Auchan et Carrefour. Ce dernier, qui utilise Buzz, Woody et Ratatouille (effigies Disney) pour son club relationnel enfant, n'a pas hésité à embaucher toute la bande de Dreamworks dans une véritable opération de cobranding (regardez bien ce double logo en réserve en haut à gauche!). On les a vu en 4x3 dans le métro.



En face, Auchan mise à fond sur Disney pour une opération assez similaire, fondée sur un système de cartes à collectionner et de produits partenaires. Le détail bien commenté sur MarketingPub. En visuel, ambiance bleutée assez proche, plus aérienne et aventurière côté Carrefour-Dreamworks, plutôt aquatique et magique chez Auchan... Très fidèle à l'ADN des studios respectifs.


20/08/2010

A vos mascottes !

Suite à ma réflexion sur les héros voici un lien vers un super dossier concernant les mascottes (en anglais)... à lire aussi une très belle analyse (mais un peu ancienne) chez Ipsos. 


 Les mascottes existent depuis très très longtemps, c'est l'un des premiers moyens de publicité que se sont donné les marques. Quel est leur utilité au juste ? Elles permettent d'incarner la marque dans un personnage, de lui donner un visage, et parfois une voix, une gestuelle... Positionnement, valeurs, tonalité de la marque... autant de concepts abstraits qui se retrouvent projetés en signes immédiatement perceptibles et vivants. Les mascottes avaient surtout une vocation de pédagogie (cf notre Bibendum). Elles ont aussi acquis une vocation de notoriété (comme les danseurs kitschs façon aérobic de 118 218).



Aujourd'hui les marques servent à créer de la proximité et à entrer dans le quotidien des consommateurs. La marque ne fonctionne plus "top-down" mais cherche à avoir une véritable relation avec son client. La mascotte reflète comment la marque accompagne le client dans sa vie de tous les jours. Dans une période de doute et d'expertise croissante du consommateur, la mascotte apporte de nouveau de l'émotion, de l'affectif, de la spontanéité.


A noter toutefois : les marchés anglais, américains et asiatiques sont beaucoup plus mascottes-friendly que l'Europe. On trouve des petits mangas partout en Chine et au Japon, même à la banque ou dans l'univers médical. Ils sont vecteurs d'émotion, de proximité, ils rassurent. Mais en France en particulier, le consommateur adulte se défie de ces petits personnages, trop enfantins, pas sérieux, voire carrément stupides. Nous défions-nous trop de l'enfant en nous ? Ou est-ce notre fameuse rationnalité critique ??

plusieurs images empruntées à pelfusion 

18/08/2010

PS : FLOWERPARTY d'Yves Rocher

Autant la renaissance de la marque m'avait bluffée, autant le dernier parfum d'Yves Rocher, FLOWERPARTY, me laisse un peu déçue... Ils avaient fait de si belles choses avec leur iris et leur rose, celui-ci ne semble pas faire honneur à l'originalité profonde de la marque, à la maturité nouvelle qu'elle avait acquise.


16/08/2010

Yves Rocher in Citizen K

Le dernier parfum d’Yves Rocher, Flower Party, est en première page du magazine Citizen K. Vous savez la toute-toute première page, super glossy, bien grammée, juste derrière la couv… Et même, elle se déplie pour découvrir un trois-pages, super-glossy, avec photos.



Je situe les protagonistes :

-Yves Rocher est une grande marque de cosmétique, ancienne, originaire de Bretagne. Elle a récemment été entièrement reliftée pour retrouver ses racines : la naturalité, l’accessibilité, la proximité. Une marque très mainstream, très présente dans les villes moyennes, qui avait tendance à attirer surtout les femmes un peu âgées et les très jeunes filles. Après lifting et lancement d’une ligne bio, en piquant quelques idées à the Body Shop et Nature&Découverte, la marque revit très fort. Elle a perdu de son image « cheap », en partie grâce à ses parfums, bien travaillés, sobre et de bonne qualité. Une marque différente, qui n’entre pas dans les clichés de la beauté, n’affiche pas des stars et des promesses intenables mais accompagne chaque femme selon son âge pour être au mieux d’elle-même. Sa campagne presse et affichage a reçu des prix. Son film « Ce qui est essentiel rend belle » avec des femmes en train de faire l’amour a beaucoup buzzé.






- Citizen K est le magazine consacré au luxe, qui coûte un euro, inventé et géré par Kappauf, personnage « jet set » entièrement relifté et fier de ses excès. C’est une publication qui mise pas mal sur le graphisme, arty et sophistiqué, et beaucoup sur la publicité. Très « lifestyle », un brin intellectuel, Citizen K est bien épais et fort marketé.




So what ? Pourquoi cette page ?
Des cibles assez peu compatibles : Yves Rocher a beau recruter très large, les passionnés de luxe repasseront.
Des positionnements à l’opposé, authenticité contre sophistication, accessibilité contre luxe…
Vraiment quelle drôle d’idée pour Yves Rocher et son agence d’être venu s’afficher là ! Surtout que cet espace doit coûter fort cher…

D’un point de vue cible, la marque n’avait rien à y perdre : ces clientes habituelles ne verraient pas cette page de pub, et les lecteurs/lectrices de Citizen K auraient l’occasion de redécouvrir la marque… Peut être qu’Yves Rocher tente de séduire les fanas de luxe avec se nouveau parfum… Ce dernier est censé avoir un « zeste d'impertinence acidulée » et un « sillage addictif »… On est déjà plus dans les valeurs de Citizen K ! Enfin cela reste un fruité-floral très gourmand, printanier, ciblé plutôt jeune, qui donne une version 60’s / flower power de la naturalité.




Mais une deuxième question survient : mais ce n’est pas la campagne de Flower Party ! Ce n’est pas la photo de la jeune fille en fleur, ni le slogan ni... C'est là qu'on découvre une mention "conception et création, Kappauf". Le même produit, la même marque, une autre photo, un autre message, voilà qui est bien confusant !







Pas vraiment un article, pas vraiment un publi-rédactionnel, c'est une campagne bis, réalisée par le maître des lieux. Peut être fallait il en effet une nouvelle création pour faire le pont (le grand écart) entre Yves Rocher et Citizen K ? Là je comprend mieux les mentions de destinations touristiques branchées (où vous pouvez trouver Yves Rocher, sans doute). Ainsi que la maxime "En soi, le prix n'est pas une valeur, l'essentiel se trouve à l'intérieur" en page de gauche... Maxime qui fonctionne bien avec le parfum d'Yves Rocher (il n'est pas cher, mais qu'importe la fiole...), mais encore mieux avec le magazine lui même (il ne vaut que 1 euro mais le plus important ce sont les créationsde Kappauf à l'intérieur...). Il faut dire que le style me semblait un peu cryptique, pour Yves Rocher ! Joli mix entre mainstream et luxe...

NB : cette analyse est entièrement personnelle et non informée auprès de la marque ou du support.
PPS : j'ai trouvé ce magazine dans un aéroport, peut être est-ce une édition spéciale ???

Womanity, marque totale ?

Marque totale, comme guerre totale (mais pas comme totalitaire).
Une marque locale et globale à la fois, "glocal" comme disent certains.
Une marque tellement abstraite qu'elle pourrait couvrir tous types de produits ou de services. Et en même temps très proche de ses consommateurs, installée dans leur vie comme une évidence, une ressource quasi naturelle. Ce serait une proposition de lifestyle, un concept si fort qu'il serait quasi religieux. Non clivante, non segmentante, pour ainsi dire, non marketée.

Deux candidats existent dans notre paysage actuel (le mien en tout cas) : Apple et Ikea. Parce qu'elles ont été puissament innovantes au départ, elles ont réussi à entrer dans de nombreux foyers et à poursuivre leur évolution. Elles proposent une vraie expérience de marque (le "parcours Ikea" dans les pièces fictives avec boulettes de renne, le temps passé à "tester", les conseils et les évènements dans les Apple Store). Elles répondent à des insights profonds de leur époque (se meubler pour le plaisir, pas cher et peu durable, de l'informatique fun and friendly). Elles constituent un univers en soi, avec des icônes (L'IPod, la bibliothèque Billy), et des byproducts.

Nouvelle tentative en cours, Womanity est une marque développée par Thierry Mugler (groupe Clarins).
Déjà "womanity" ressemble à un nom qui existerait déjà : "womanity" ça veut dire féminité, bien sûr ! Mais ce terme n'existe pas dans le dictionnaire. Avec ce néologisme, Mugler réinvente tout simplement la féminité (womanhood, femininity, ou womanliness, your choice). Il invente un concept totalement nouveau et totalement déjà approprié. Et il "pirate" la femme dans son ensemble et dans toute son universalité, par la même occasion. Très fort, non ?



Mais Womanity, c'est quoi  ? "Un lieu infini et indéfini où les possibles et les envies pourront s’exprimer... Womanity pourrait être cette terre promise (...)" dixit Auféminin.com (sic).
- Ce fut en premier lieu un site communautaire, en mars dernier, où toute les femmes sont invitées à exprimer leurs idées sur ce que c'est d'être femme aujourd'hui.
- C'est également un parfum -qui devrait sortir sous peu- une fragrance de figue et de caviar sur fond boisé.
La marque est déposée dans à peu près toutes les classes à l'INPI* elle pourrait recouvrir n'importe quoi d'autres dans les mois à venir. C'est donc assez mystérieux, mais définitivement très moderne, et cela correspond bien à l'ADN de Mugler. Je n'imagine pas que Womanity devienne un Apple ou un Ikea mais c'est une tentative audacieuse, ce qui n'est pas rien.

* Institut de la Propriété Intellectuelle, où sont enregistrés les noms de marques dans des classes en fonction de leur utilisation par secteur.

13/08/2010

Totally Spies, le jeu


"Totally Spies !" fut mon sujet de DEA, et ma préoccupation quotidienne pendant de longs mois...
La série était-elle so stupid et machiste au possible, comme certaines mamans s'émouvaient ? Comment les stéréotypes de genre étaient-ils reçus par les enfants ? A quel point prenaient-ils les personnages aux sérieux ? Etait-ce le grand méchant capitalisme manipulant des âmes fragiles ? Ou des enfants plein de ressources adoptant l'univers et le fonctionnement narratif des Spies pour jouer et explorer les identités sociales ?

Par ailleurs ce dessin animé est l'un des plus grand succès de la société de production Marathon, la série préférée des filles de 6 à 10 ans, un must sur TF1 et Jetix et un record à l'exportation. Il y eut des livres, des vidéos et un site -qui marche bien depuis 2005. Les Spies sont aussi passées chez MacDonald's et ont tout un tas de licences à leur effigie. Une véritable marque phare de l'entertainment !


le jeu mobile par Gameloft

Voici que ce matin au détour d'un site de cuisine (pour adultes) je tombe sur une pub pour Totally Spies Fashion Agent, le jeu sur Facebook !! Il existait déjà un jeu pour mobiles avec Gameloft. Celui-ci est un RPG, i.e. un jeu de rôle. Vous pouvez créer votre propre Spie, former votre trio et... sauver le monde bien sûr ! Comme les héroïnes de la série, à chaque épisode, évitent la catastrophe planétaire fomentée par un grand méchant frustré.

 

Dans mes observations au sein d'un groupe scolaire (donc des enfants se connaissaient, interagissaient quotidiennement et socialisaient à peu près "normalement" pendant mon groupe) j'avais découvert que "Totally Spies !" se pratiquait à la récré. Dans le style : "Toi tu serais le méchant, et moi je ferais Clover"... Dans la série les héroïnes sont des filles mais dans la cour les petits garçons pouvaient parfaitement devenir des Spies. L'agence internationale d'espion à laquelle appartiennent les héroïnes recrute aussi des garçons. Les enfants s'inventaient de nouveaux personnages sur le schéma proposé par le dessin animé. Et sur FB, tout le monde peut participer aussi comme on peut le voir sur la capture d'écran ci dessus (empruntée au site de OUAT). Cependant c'est en tant qu'étudiantE que les joueurs sont invités à s'incarner !! On sent bien que les concepteurs ont rencontré là une difficulté...

Il faut dire que le slogan "Sauver le monde est une affaire de filles ! " inscrivait directement le jeu dans le registre du girl power. L'utilisation du terme "fashion" dans le nom, connote aussi la féminité. A moindre égard, je trouve, car le terme est utilisé comme un adjectif et pas comme un nom, une thématique. Vous ne dites pas "cet homme est très fashion", vous ?


Le site de OUAT, les producteurs, mentionne que la cible du jeu FB est âgée de... 13 à 25 ans. Ce qui est bien au-dessus du public de la série ! Mais tout à fait dans la tranche des utilisateurs actifs de FB. Dans mon souvenir -la télé étant une activité souvent partagée- certains grand(e)s frère set soeurs participaient aussi au visionnage de "Totally Spies!" voire certains parents, avec un plaisir non assumé (et dénoncé par les petits). L'objectif serait-il de faire adhérer les tweens et les teens aux Spies ? De vieillir un peu leur public ? De les prémiumiser* ?

A mon avis la série est pleine d'humour, et peut se lire et se vivre à plusieurs niveaux. L'univers des Spies est entièrement incarné dans des gadgets, des vêtements et leur maison, dont le public peut se saisir facilement. Et la trame narrative très simple (problème-méchant-catastrophe-solution) est facile à s'approprier et devrait fonctionner à merveille en RPG. N'étant pas spécialiste ni gameuse, j'attends avec impatience les retours sur la blogosphère...


* Il y a de fortes chances que ce terme n'existe pas dans le Petit Robert.

10/08/2010

La blogueuse beauté, avatar de l'expertise consommateur

L'expertise du consommateur ne cesse de s'affirmer et de s'affiner. Elle s'étend sous l'effet de la crise tant en terme de population qu'en terme de champs d'expertise.
Il fut un temps ou le Français moyen ne se posait pas mille questions sur son achat de yaourts. Il prenait ceux qui lui plaisaient, en quantité nécessaire. Avec la baisse continue du pouvoir d'achat, de plus en plus de consommateurs ont commencé à regarder chaque achat de plus près, à arbitrer entre plaisir, prix et qualité nutritionnelle (pour le yaourt) et à aller, entre autre, vers des produits MDD. Pour des achats importants, il réalise des études de marchés assez complètes, recoupe différentes sources d'information (distributeur, web, presse, amis et parents...)

(image @getty)

Mais si Monsieur Tout-le-monde accroit son expertise à force d'attention, certains consommateurs sont à la pointe de l'expertise et parmi eux, spécialistes parmi les quidams, le blogueur.
Exemple : la blogueuse beauté. Elle ne se contente plus de parcourir les rayons de Marionnaud ou Sephora. Elle connait les meilleurs spots à bons plans du web, a commandé des échantillons sur des sites américains ou hongkongais. Elle achète des produits professionnels. Elle compare la tenue, la teneur en pigments et en nacres, suit avidement l'actualité des sorties produits, connait chaque nuance exacte de fard à paupières (alias FAP)  lancé sur le marchés. Elle crée même des nuanciers comparés pour les FAP de différentes marques...

bannière d'hélène@ hélène legastelois


L'exemple le plus probant en France est celui d'Hélène de Mon blog de fille. En quelques années, Hélène a transformé sa passion en métier à plein temps. Elle a suivi une formation chez Make Up Forever, maîtrise les techniques pros et donne des cours de maquillage.
En septembre dernier le site Temptalia, créé et édité par Christine Mielke, une jeune étudiante californienne, propose une vidéo des FAP de la marque MAC. Voici le commentaire d'Hélène dans un post qui offre un lien vers ladite vidéo : "Bon, ça n’est un secret pour personne, les photos de fards à paupières sur le site de MAC sont nazes. Rien ne correspond à rien, impossible de s’y fier pour choisir une couleur. Dieu merci, Temptalia est là et a fait deux vidéos de photos de tous les fards à paupières de la collection permanente."
Le site web de la marque est incomplet ou mal fait ? Il y a les blogueuses pour refaire le travail correctement et proposer aux clientes des infos précieuses et décisives dans leur décision d'achat. La couleur du fard n'est pas anecdotique, surtout pour les acheteuses du web !! On voit combien la frontière entre les "amateurs" et les "professionnels" devient poreuse sur le web.
Les blogueuses beauté atteignent un tel degré d'expertise qu'elles peuvent remplacer les professionnels :
- les conseils sur la toile se substituent aux conseils en magasin
- les blogueuses peuvent devenir des pros
- certains blogs peuvent devenir des canaux de distribution


logo et visuel écran de swatches MAC @Temptalia

La blogueuse beauté incarne particulièrement bien l'expertise du consommateur. Elle en est l'avatar. J'emprunte ce concept à Eric Macé, spécialiste des médiacultures à l'EHESS. L'idée est que les produits des industries culturelles et médiatiques sont des formes particulières de représentation de la réalité du monde social. Par exemple, ce que nous voyons à la télévision n'est pas la réalité, mais une représentation médiatique de notre monde. Il est intéressant de voir dans quelle mesure cet univers est différent du notre, quels sont les conflits et les figures qu'il met en scène.
Mon hypothèse est que les blogs beauté mettent en scène cette expertise croissante du consommateur. Les blogueuses beauté sont avant tout des consommatrices et des passionnées. En tant que telles, elles connaissent et expriment les insights conso. Leur expertise prend racine dans leur expérience du quotidien, et dans un intérêt particulier pour la consommation. Cet intérêt se cantonne souvent à un domaine de prédilection (blogueuse beauté / fards à paupières, blogueur cuisine / mixer). Sur les nombreux blogs beauté présents sur la toile, peu seront l'incubateur d'une profession comme dans le cas d'Hélène. Mais même s'il s'agit simplement pour une adolescente de montrer son maquillage (de "poster ses looks") tous les jours, l'existence de ces pratiques médiatiques change profondément les modes de consommation. Les blogs révèlent comme un miroir grossissant les tendances de fonds de notre monde social.

A lire : Eric Macé, La société et son double. Une journée ordinaire de télévision, Armand Colin (2006)
NB : Je crois pouvoir dire que Christine, Hélène et moi adorons la marque MAC, l'objectif de ce post n'est pas de critiquer la marque mais de montrer le rôle des blogueurs.

Baromètre ECHO – Les français face aux médias sociaux et la e-réputation

J'ai découvert aujourd'hui (très en retard - il date d'avril dernier) le baromètre ECHO – Les français face aux médias sociaux et la e-réputation réalisé par ScanBlog et OpenedMind. Cette étude est très intéressante, dans la méthodologie comme dans ses conclusions. Les résultats synthétiques de l'étude peuvent être consultés ici. Elle relativise le rôle des médias sociaux (réseaux sociaux et blogs)  : seulement la moitié des internautes y prennent part et ils leur font moins confiance qu'aux forums, sites marchands et site des marques. La question de la confiance me semble centrale, sur le web mais aussi de façon générale en marketing.

Du coup l'une des conclusions est que les annonceurs feraient mieux de privilégier leur référencement que de se lancer dans le "social media". Bien sûr. Soyons réalistes. Je ne suis pas une spécialiste du tout, et ne tiens pas à vanter le mérite des blogs mais le référencement et le social media, ça n'a rien à voir, non ? L'un et l'autre n'apportent pas du tout la même chose à une marque. Le référencement est indispensable en terme de visibilité et de notoriété, le second permet de nouer des relations, de connaître son consommateur, de développer l'imaginaire de la marque dans l'espace social.

Pour cette étude ScanBlog et OpenedMind ont comparé les "caractéristiques socio-démographiques et attitudinales" avec l'internaute moyen et le blogueur moyen. Et bien évidemment, le blogueur influent est "trentenaire, actif urbain, célibataire et très CSP+". Il est donc très loin des blogueurs moyens. Et encore plus loin du profil des consommateurs qu'il est censé influencer. J'avoue je fréquente le blogs mode et souvent je me demande "Mais comment peuvent-elles acheter tout ça ?" "Mais comment elles vont travailler avec des talons pareils ?". Oui, les blogueurs influents sont parfois déconnectés. Mais ils attirent des milliers de lecteurs qui se sentent malgré cela concernés par leur prose, chatouillés par leur univers, voire inspirés par leurs propositions. Les "influenceurs" ont un rôle aspirationnel, certains sont devenus presque des stars. Ce n'est pas parce qu'on est différents qu'on ne peut pas communiquer... j'espère. C'est aussi cela le rêve du web !

A suivre : la blogueuse beauté, avatar de l'expertise consommateur

09/08/2010

Vivre la Ville

Juste un lien vers un bel article sur nos façons de vivre nos villes, intitulé MaVille, ma vie Demain par les filles de Twin Partners, Tendances et Prospectives. Etes-vous plutôt pragmatique ? Urbanophile ? Investi ? Déçu ? Ou replié ?
Ces deux jumelles pros de l'Intelligence Economique sont à suivre si vous ne les connaissez pas déjà...

06/08/2010

Green & Healthy : Taillefine Stévia

Taillefine se rapproche de la nature. L'an dernier était lancée la gamme Jardins Gourmands, des compotes sans sucres ajoutés avec une promesse très "plaisir nature" et un visuel d'arbre fruitier. La marque de Danone frappe encore plus fort sur ce positionnement avec le nouveau yaourt à l'extrait de stévia.

La stévia, kesako ? La stévia rebaudiana est une plante originaire d'Amérique latine. Les Indiens guaranis l'utilisent pour adoucir les infusions. Elle a la particularité d'avoir un fort pouvoir sucrant (30 à 45 fois supérieur au sucre dixit WikiChéri), tout en ne modifiant pas le taux de glucose sanguin. Des extraits de stévia sont utilisés comme édulcorants depuis les années 1970 au Japon, en particulier dans les sodas. Ils sont également autourisés depuis peu aux Etats-Unis, où Coca Cola et PepsiCo sont sur les rangs. La feuille de stévia en tant que telle n'est pas autorisée pour la vente alimentaire chez nous.

En terme de pack, c'est le pot des yaourts aux fruits de Taillefine mais rhabillé de vert tout en transparence, avec un effet lumineux et une feuille de stévia stylisée en front. L'effet est sobre et doux. Le pack se détache bien, marque sa nouveauté tout en s'intégrant parfaitement à la gamme. La vert joue bien avec le violet du logo Taillefine. La typo cursive un air de famille avec celle de Taillefine, avec ce côté élancé, moins ronde que pour Jardins Gourmands, moins enfantine que celle des yaourts aux fruits. Les fruits sont mis en avant pour apporter du plaisir (et contrecarrer un peu tout ce vert pas toujours très gourmand).

Pour l'arrivée de ce nouvel édulcorant, qui plus est en ultra frais, le sujet demandait beaucoup de pédagogie. Pas de nom de fantaisie pour ce yaourt. C'est le terme stévia qui est mis en avant, avec "extrait" en tout petit et une belle mention "édulcorant d'origine naturelle" en dessous.  Le site web dédié explique bien en détail les propriétés de la nouvelle venue sur le marché et s'entortille de motifs végétaux.

On joue le végétal à 100%, mais avec féminité et subtilité. J'avoue qu'après l'arbre fruitier et l'herbe bien verte des Jardins Gourmands je craignais un brin qu'on nous sorte une jungle de pacotille, c'est une belle surprise !

La prochaine marque à tenter la Stevia devrait être Fanta... A suivre au prochain épisode !

images : site et pop up Taillefine

04/08/2010

La Chrysalide d'Asmae à Bobigny


Les jeunes femmes sont les premières touchées par la précarité, la misère, l’exclusion et la violence. Plus encore, les jeunes femmes avec enfants. Je suis une jeune femme, j’ai échappé à tout ça. Et j’ai eu la chance de rencontrer Asmae, l’ONG de Sœur Emmanuelle, et en particulier l’équipe de la Chrysalide, le centre maternel que l’association a ouvert à Bobigny. Ici vivent des jeunes femmes, souvent plus jeunes que moi, avec un ou deux enfants. Comment élever son enfant lorsqu’on est soi même en péril, sans revenu, sans toit, en rupture avec sa famille et les institutions ? Au fil de leurs parcours chaotiques, elles finissent parfois par être séparées de leurs enfants, placés dans des familles d’accueil. Le centre maternel accueille mère et enfants pour un à deux ans afin de leur permettre de repartir dans la vie.
Sabine Pirrovani a conçu le projet et dirige aujourd’hui le centre maternel. En fin de journée, depuis les fenêtres de son bureau coloré, on voit arriver des jeunes femmes avec des poussettes et une nuée d’enfants. Parfois, un homme les accompagne. Les petits courent, jouent et collent le nez à la vitre. C’est l’heure du retour de l’école, ou de chez l’assistante maternelle à qui les bébés sont confiés pendant la journée. Un rituel précieux pour des enfants souvent en mal de repère.

Pour les mamans, le séjour à la Chrysalide est un moment pour réfléchir à leur parcours et se reconstruire. Pour la première fois de leur vie, elles ne sont plus aux abois et peuvent penser à l’avenir. Elles sont hébergées, chacune dans leur studio avec leurs enfants. Avec les éducateurs, elles montent leur projet professionnel : suivre une formation, choisir un métier…

Le centre maternel permet aussi de se retrouver en famille, et de retisser des liens familiaux malmenés par l’expérience de l’exclusion. Car le développement et l’éducation des enfants est au cœur du centre. Le projet inclut une crèche, l’Ile aux Enfants, espace d’accompagnement et de dialogue avec les professionnels de l’enfance. Petit à petit, les jeunes femmes nouent des rapports plus apaisés avec leurs enfants, prennent conscience de leurs besoins et de leur responsabilité.

Le soir tombe, les poussettes sont rangées dans leur abri au fond de la cour. On entend de la musique dans les étages. Pour Sabine Pirrovani, la journée n’est pas finie : c’est l’heure de la réunion d’équipe. Et la nuit aussi peut réserver des surprises…

Asmae-Association Sœur Emmanuelle fête cette année ses 30 ans. Nous avons édité des portraits vidéo pour illuster l'action de l'association à travers le monde. Vous pouvez rencontrer l’équipe et les résidentes de la Chrysalide ici.

02/08/2010

NAME FIXION : CracoMiettes et CroustiPic

Au détour d'un brainstorm... bêtises échevelées ou idées innovantes ?

Les CracoMiettes :
Nouveau produit de chez Cracotte, les Cracomiettes sont disponible au rayon épicerie en format 45g individuel et nomade. Retrouvez l'irrésistible craquant des tartines et des barres Craquinettes à tout moment ! Les CracoMiettes constituent un snack riche en sucres lents pour vous apporter de l'énergie. Peut aussi devenir un ingrédient créatif pour customiser vos plats au quotidien : à saupoudrer sur une compote façon crumble, en touche gourmande sur une salade... Convient aux enfants et aux personnes âgées. Produites à base de Cracottes écrabouillées en route, les CracoMiettes sont issues du recyclage créatif et biodégradables.


CroustiPic :
Dernier fruit de la synergie explosive entre Croustibat et Chocapic, CroustiPic est une barre céréalières goût chocolat contenant des protéines issues de la chair de poissons des mers froides.Vos enfants vont aimer manger des omégas 3 ! Délicieuses et faciles à emporter à l'école, les barres CroustiPic se conservent parfaitement.

NB : ces marques, produits et services sont entièrement imaginaires.