28/09/2010

La taille mannequin c'est démodé

Spotté sur le blog de la célèbre et sympathique Big Beauty, ce visuel pour une marque de lingerie :



J'ai vu cette campagne en 4x3 en banlieue parisienne, elle m'avait tout de suite interpellée... J'avoue qu'on premier abord je n'avais pas bien compris de quoi il s'agissait ! La marque s'appelle "Sans Complexe", je ne la connaissais pas. Ce nom pourrait tout aussi bien renvoyer à une asso, ou un site promotionnel pour une autre marque... Entre les débats sur les (mes)usages de Photoshop et les magazines féminins se targuant de faire poser des fille "rondes" (i.e. au delà de la taille 34), je trouve cette affiche fort bienvenue : simple, directe, et pleine de bonne humeur !!


Cette opération comporte aussi un site web. Le design est à la fois chic et pétillant, l'éditorial de qualité et très vivant ("bons plans", interview...). Je ne suis pas dans la cible et j'adhère !!

23/09/2010

Best of NON PROFIT : Ni Putes Ni Soumises

Je commence un petit best of thématique, je soutiens une association et, bien sûr, les campagnes "non profit" m'intéressent particulièrement.

Ni Putes Ni Soumises défend une cause qui me touche beaucoup, mais sa surmédiatisation lui donne un visage parfois démago à mes yeux... Trop de polémique tue le message ? Leur communication récente m'a donné une nouvelle vision. Deux de leur apparitions, sur nos murs et sur nos écrans :

J'ai remarqué leur campagne d'affichage au début de l'été (réalisée gracieusement par BETC Euro RSCG) simple, efficace et impactante. Elle est très graphique et évite le misérabilisme, tout en montrant le paradoxe au coeur de la violence conjugale : on ne bat pas sa compagne parce qu'on ne l'aime pas, mais parce qu'on l'aime... mal.


Leur campagne web (Publicis) sortie tout récemment est encore plus forte. Elle est basée sur un site qui plagie "chatroulette". Je ne vous spoile pas le choc, mais vous recommande d'aller sur le site de la campagne : http://doyouchat.com/
J'espère qu'elle va faire du buzz.

Spotté sur le blog du Flaneur Digital.

20/09/2010

Shang Xia, marque chinoise d'Hermès

Après beaucoup de mystère et d'attente, Shang Xia, nouvelle marque d'Hermès, a ouvert sa première boutique à Shanghai. 123 m² sur Huaihai Road, temple du luxe et des marques occidentales. Et après ? Après, peut être Pékin et Paris... Et sans doute d'autres villes de la Chine de l'intérieur.


Entourée d'une discrétion impériale, Shang Xia, qui signifie "dessous-dessous" ou "haut-bas" en mandarin, est une marque 100% luxe et 100% made in China.


Extraits de la collection (trouvés sur le Figaro Madame)


Lancer une marque de luxe ?? Voici qui peut sembler étrange. En effet, chez nous, les marques de luxe sont souvent anciennes, et nées d'une alchimie, souvent d'une audace inouïe à l'époque ou d'un savoir faire ancestral. C'est d'ailleurs la première fois qu'Hermès lance une marque. Un paris fou ? Une réaction de bon sens ? Les avis sont partagés...
La maison parisienne avait jusque là misé sur son patrimoine. Mais pour séduire les Chinois, dont les attentes sont très différentes, il faudrait produire d'autres articles, et d'autres gammes. Créer une autre marque permet de conserver l'identité Hermès intacte tout en innovant.
Pourtant les marques de luxe ne sont-elles pas internationales par essence ? Hermès est implanté en Chine et la French Touch maison a de quoi plaire aux riches asiatiques. Mais il faut dire qu'Hermès est arrivé assez tard en Chine, et a du mal à décoller, sans doute à cause de son positionnement prix un peu élevé. Fabriqués en Chine, les produits Shang Xia seront-ils moins chers ?
L'objectif avoué est de conquérir le marché chinois. C'est un gros enjeu : la Chine, Hong Kong, Macao et Taïwan constituent le premier marché mondial pour Hermès. Bien que le luxe reprenne des couleurs, il est prévu que la consommation très haut de gamme soit d'une façon générale tirée par la Chine dans les mois à venir...
 
 
Extraits de la collection (trouvés sur le Figaro Madame)

Lancer une marque chinoise ?? « Shang Xia sera développée en Chine par des chinois et selon les traditions chinoises. Nous ne voulons pas créer d'ambiguité », insistait Florian Craen, directeur d’Hermès Asie (Financial Times). Ce sera donc une maison «authentique, avec un style, des matières et des savoir-faire ancrés dans la culture chinoise» dixit Patrick Thomas, gérant d’Hermès International.
La marque propose des meubles, des vêtements, et de la décoration intérieure. Ce choix de segment, l'attention à la noblesse des matières nobles et aux savoirs faire rapproche Shang Xia de l'ADN de la maison mère. Le logo est un idéogramme modernisé, à l'instar du fameux H, mais en effet très chinois.
Le monde du luxe a les yeux rivés sur la nouvelle venue. En attendant d'aller en Chine vous pouvez visiter le site de la marque.

16/09/2010

Densia / Fantasia : Danone entre santé et plaisir

Après le succès d'Actimel et l'échec d'Essensis, voici les nouveaux essais du groupe Danone au rayon yaourt...
Le groupe avait adopté un positionnement "100% santé" et misait avant tout sur des innovations fonctionnelles. Après l'échec en rayon d'Essensis, le yaourt qui faisait une belle peau, le groupe semble plus prudent dans le lancement d'innovations fonctionnelles. Leur dernier projet de yaourt, baptisé Densia, a achoppé avant sa mise en rayon dans les supermarchés français. Densia est un yaourt enrichi en calcium et en vitamine D pour fortifier les os. Il s'adressait aux femmes arrivées à l'âge de ménopause, particulièrement exposées aux risques d'ostéoporose. «Les test pratiqués auraient mis en avant que les Français, grands consommateurs de produits laitiers frais, ne ressentent pas le besoin de consommer plus de calcium», affirme une porte-parole de Danone selon Le Figaro la semaine dernière. D'autres marques de produits laitiers frais ont pourtant utilisé cet argumentaire, comme Calin de Yoplait. Mais de là à en faire une nouvelle marque...



La stratégie groupe reviendrait donc à davantage de plaisir, avec entre autre le lancement d'une nouvelle marque produit en France : Fantasia. Un nouveau pot bi-compartiment, l'un contenant une "spécialité laitière" sucrée, l'autre du coulis de fruit (fraise, cerise, myrtille) ou des billes de chocolat noir et blanc "pour un plaisir à mélanger selon vos envies". Il cible les jeunes adultes, peu adeptes des produits laitiers frais. C'est un produit qui se veut accessible ( trois pour1,29 euro, soit le même prix unitaire qu'Activia ), pour se faire plaisir (avec du chocolat) au quotidien (puisqu'il est à base de yaourt). L'équation impossible !! On attend avec impatience la communication et les premiers résultats de mise en rayon...

13/09/2010

Casting de consommateurs

Initié en France par Comptoir des Cotonniers, le casting de modèles issu de la clientèle plutôt que d'agence de mannequins est en train de devenir mainstream. Les marques de modes proposent à leurs clients de devenir l'image de la marque. Idée saugrenue ou évidente ? Pourquoi s'encombrer d'amateurs imparfaits ? Mais qui mieux que de vrais clients issus de la vraie vie peuvent représenter et communiquer avec les consommateurs ?



Comptoir des Cotonniers, dernière campagne, featuring une blogueuse phare, Pandora... qui a généré moult débat.

Cette tendance de fond est largement influencée par des phénomènes du web, en particulier le street styling. Les stars restent de mise mais de nouvelles icônes, issue de la rue, ou plutôt du monde réel, émergent. Des personnes inconnues, rencontrées dans le cours de leur vie quotidienne sont mises en avant à travers les blogs, les sites et les magazines de modes. Elles permettent à tout un chacun de s'identifier et mettent en avant le style et le charme, la manière de porter le vêtement plus que le physique, le vêtement ou les marques. Cette tendance est largement ancrée dans un besoin d'authenticité et d'unicité qui est né en réaction aux apparences lisses et calibrées des mannequins et des stars. Tous pareils, uniformisés, photoshopés, tous habillés par les mêmes créateurs et les mêmes stylistes, ils font toujours rêver mais ne nous inspirent plus. Je vous conseille cet article du Wall Street Journal (paru début août) sur le site BeautifulStranger à ce sujet.

Mes 3 opérations préférées de casting de conso :




Version basique : Art of the Trench, Burberry.
L'un des précédents très réussis fut l'opération menée chez Burberry avec le fameux trench, photographié par le fameux Sartorialist. Datant de novembre 2009, la campagne est construite autour de la notion d'appropriation d'une pièce basique et légendaire par de multiples personnalités. Le Trench coat, mixte, avec ses coloris neutres et sa coupe intemporelle est le sujet d'un exercice de style collectif. Ces photos de street style prises dans le monde entier sont mises en ligne sur une galerie virtuelle et diffusées dans une vidéo sur la chaîne Youtube de la marque. L'internaute peut aussi ajouter ses clichés dans le kaléidoscope de trenchs et voter pour ses préférés. Résultat : une vitrine mondiale, multiple, opérationnelle pour le consommateur (les photos peuvent être classées et le site renvoie au eshop). Mais bon, il restait quand même une star au centre du dispositif, le photographe Scott Schuman alias The Sartorialist...




Version trendy : Benetton
Pour sa dernière campagne, la marque a lancé une audition en ligne. Plus de 65 000 candidats dans le monde entier ont répondu et Benetton a choisi parmi eux 20 mannequins. En terme de communication, Benetton a toujours été à l'avant garde, notamment avec Oliviero Toscani et la Fabrica, centre de recherche en communication du groupe. Si Comptoir des Cotonniers avait déjà recruté ses égéries parmi ses clientes pour les clèbres campagnes mères/filles, Benetton joue la carte web et massifie le procédé. Ce casting atypique s'affichait comme une façon de rechercher quelque chose de différent, de surprenant, de vrai. Les mannequins retenus sont tous jeunes et minces, mais avec de la personnalité, et de différentes origines. Ce qui s'inscrit parfaitement dans les codes Bennetton. Cette initiative intitulée "IT'S MY TIME" est devenue une communauté mode en ligne dont le mot d'ordre est "show the world your real self"(sic).


En créant ainsi des communautés online et en proposant au public de s'y exprimer, les marques deviennent des médias. Comme les magasins sont devenus des magazines, les sites corporates sont maintenant des lieux non seulement d'informations mais aussi d'échange et d'expression. La marque acquiert une vocation de lien social en plus de sa valeur de repère. Ces campagnes fabriquent de la proximité et génèrent la curiosité.



Version live : le défilé des Galaf'
Les Galeries Lafayette lancent une opération similaire avec "La Mode C'est Vous" une communauté en ligne où chacun est invité à montrer son look. Au final plusieurs milliers de participants seront sélectionnés pour prendre part au défilé de mode géant de "vrais gens" qui aura lieu très bientôt à Paris et Berlin mais aussi dans de nombreuses villes de province.
Des inconnus sur les affiches et sur les podiums, mais où va-t'on ? L'objectif est visiblement que les clients se retrouvent dans la marque, au sens propre. Pour rassurer et gagner la confiance des consommateurs, quoi de mieux que d'autres consommateurs ? Le testimonial a été beaucoup utilisé dans la publicité classique et la représentation du consommateur y est permanente (mais si, vous savez, cette mère de famille qui adoooore sa nouvelle lessive ?!). Aujourd'hui ce sont de vrais clients qui s'expriment. Les nouveaux consommateurs (car ces 3 campagnes visent plutôt les jeunes) sont prêts à s'engager pour une marque qu'ils aiment, voir à gager... leur tête. Le règne des marques toutes puissantes est bien fini, elles donnent de la place à leur client qui retrouve sa place au centre de la marque.







Version luxe : J'aime mon carré par Hermès
Le luxe se déferait-il de ses icônes chèrement rémunérées ? Bien sûr que oui, et c'est Hermès, marque chic et patrimoniale par excellence, qui se lance dans le casting sauvage... Mais très casté quand même. Pour l'opération "J'aime mon carré" démarrée fin juillet, la grande maison parisienne a choisi sept filles très fashion dans les capitales internationales. Elles présentent les mille et unes façon de porter le carré mythique. Plutôt une stratégie de "leaders d'opinion" que de "témoignages de la vraie vie". Miss N'importe Qui ne peut pas poster ses images. Mais c'est tout de même un coup de maître, peut être à attribuer à Bali Barret qui dirige la soie chez Hermès. Cela donne un coup de jeune à la marque. Le carré devient un objet transgénérationnel, pile dans la tendance du vintage et de la recherche d'âme et d'histoire à travers la mode. Et comme toujours chez Hermès, le rendu est très beau.

Heureusement Gucci et autres recrutent encore leurs égéries parmi les plus grandes stars planétaires...

09/09/2010

Very proud : Nesfluid

Des mois et des mois qu'on tenait tous notre langue... Je suis fière de voir en rayon un produit sur lequel j'ai eu la chance de travailler : Nesfluid !



Nesfluid est une boisson fonctionnelle lancée par Nestlé. Une nouvelle marque internationale pour un nouveau segment produit. Dans une petite bouteille au volume original, la boisson est composée d'un mix eau de coco + lactosérum + jus de fruits. Ces ingrédients favorisent l'équilibre hydra nutritionnel. S'y ajoutent des nutriments essentiels (zinc, selenium, vitamine C...). L’eau de coco est l'un des ingrédients phares en ce moment, car elle possède des vertus en terme d'hydratation et de nutrition. Coca-Cola et PepsiCo s'y intéressent de près, et ont racheté respectivement deux grands producteurs, le Californien Zico et le Brésilien Amacoco. Et les fruits, après les smoothies... je n'y reviendrai pas !



La gamme est segmentée par cible (junior/senior...) et par bénéfice (minceur/antioxydant/vitalisant...). Sur le pack on retrouve la "reason to believe" travaillée au plus simple : "Hydra Nutrition", incarnée par un symbole de feuille qui fait très "bio". La marque fille évoque le bénéfice santé de chaque produit : "Protect", "Vitalise"... Sur le bouchon, un mini carnet rond avec des explications pédagogiques et la présentation de la gamme. Il y avait beaucoup d'informations à faire passer aux consommateurs pour introduire ce produit très nouveau sur le marché... Nestlé y parvient, sur un format individuel (250 ml) qui reste sobre malgré tout.


Je ne suis pas absolument convaincue par le "swirl" en couleur du pack, avec le fond blanc et l'ingrédient, ça me semble plus proche de codes beauté et pas très alimentaire... Mais bon, ça a le mérite de dire "liquide" et "équilibre" et d'éviter le blanc clinique. Je dois aussi avouer que d'un point de vue gustatif ça ne convainc pas tous le monde. Serait-ce le lactosérum ? Pour moi qui suis bien dans la cible et habituée aux produits étranges, ça fonctionne bien ! A vous de tester...
Toutes les images viennent du site Nesfluid.

08/09/2010

Too much smoothie !

Smoothie par ci, smoothie par là... On commence à en avoir par dessus la tête !
Tout a commencé avec les jus de fruits/purée de fruits inventés dans des bars de quartier, commercialisés dans des chaînes puis chez les généralistes de la restauration. Ils se sont répandus en parallèle en GMS, en bouteilles individuelles, puis en mini bouteilles, puis en doypack... Chez des petites marques puis les grandes puis les distributeurs...

Mais voici que le smoothie se répand dans tous les secteurs.
On a vu en 2008 le soutien gorge Dim Smoothie, avec sa texture moelleuse qui donne une poitrine ronde naturelle et vous rend appétissante. Essie a sorti un gel lavant main et des crèmes corps, Clinique un "Vitamin C Lip Smoothie". Et voici le Gel Douche Monsavon Smoothie Care, onctueux à souhait...




Pourquoi le smoothie marche t'il à ce point ? Parce qu'il se trouve pile aux croisement des territoires sémantiques de plusieurs tendances de fond :

> La douceur, le moelleux, le coocooning... le plaisir au quotidien et à la maison, l"idée est de se chouchouter et de penser à soi. Un insight classiquement féminin mais qui arrive fort chez les hommes. Essie a comme mot d'ordre "indulge!" pour sa gamme smoothie.

> Toute cette douceur nous mène à une indéniable touche de régressivité, favorisée par la texture liquide mais nourricière du smoothie. Le cocooning est aussi un désir de se (faire) materner. Le gel douche Monsavon arbore une touche de crème... i.e. de lacté en front pack.

> La naturalité : qui dit smoothie dit fruit, donc vitamines, energie, sucre et re-douceur. Le fruit est l'aliment sauvage par excellence, un concentré de nature pur et dur, qui nous ramène à la pratique de la cueillette chez nos ancêtres. Cette notion de retour au source, préemptée par des marques comme Ushuaïa auparavant, se retrouve partout, chez Garnier, Nivéa... Et Clinique qui met en avant des antioxydants et de la vitamine C pour son gloss.

Enfin la communication autour du soutien gorge de Dim ne mise pas sur le côté "invisible", liée à l'apparence mais avance un argument différent : "vous ne le sentez pas". Autrement dit vous vous sentez comme nue... comme... nude ?

06/09/2010

Rentrée des médias

Les médias font leur rentrée, comme tous les ans, ils annoncent leurs nouvelles grilles, présentent leurs nouvelles recrues et communiquent à l'unisson...
Parmi les news de cette rentrée bousculée et innovante, voici celles qui m'ont tapé dans l'oeil :

RTL communique interactif
RTL a réservé le parc de 300 écrans d’affichage interactif Médiatransport. A la campagne "traditionnelle" (BETC Euro RSCG) s'ajoute un dispositif innovant (Posterscope) qui permet à la radio n°1 des audiences de présenter chaque jour le principal invité du lendemain matin dans le métro parisien. Un véritable media planning temporel qui utilise à fond les possibilités de cette nouvelle technologie, trop souvent utilisée dans une simple fonction apparaître/disparaître, qui certes attire l'oeil du pasant, mais ne révolutionne pas la communication...



Numericable goes 3D
Numericable annonce qu'elle va diffuser dès cet automne des programme 3D en VOD pour les abonnés munis d’un décodeur HD. En attendant elle a lancé une chaîne pilote qui permet de visionner une série de longs extraits. Ce service expérimental permet de tester l'attractivité de l'offre et de familiariser les téléspectateurs à la 3D à travers des films pédagogiques. Alléchant, non ? Il faut bien sûr être équipé du téléviseur et des lunettes 3D à la maison... Numericable avait depuis plusieurs mois l'objectif de promouvoir la TV 3D en France et appartient à la 3D-HD Alliance.




Bolloré devient Star
Bolloré Média crée une nouvelle chaîne en cette rentrée : Direct Star (ex Virgin 17), qui cible les 15/34 ans. Peu de direct sur cette nouvelle venue mais beaucoup de stars, avec des séries américaines en prime time, des soirées dédiées à une célébrité, ainsi que des clips et des mangas en journée.  "Un nouvel univers plus urbain et contemporain" dixit Yannick Bolloré au Figaro. C'est Dream On qui a été chargé d'exprimer cet univers. Avec cette deuxième chaîne TNT le groupe audiovisuel privé affiche sa volonté de devenir un grand de la télé. Direct 8, "première chaîne TNT" avec 2% d'audience a commencé l'année avec une grille revue et ambitieuse.


Ceci est une impression écran de la campagne de lancement de Direct Star (et non ma fantaisie personnelle)

Le site de la chaîne


03/09/2010

Street Marketing by Influencia

Les marques sont à la rue !
Le dernier carnet de tendance d'Influencia est dédié à un média vieux comme le monde et plein d'innovations : la rue. Je vous recommande la lecture de ce très très beau cahier virtuel, très fouillé et plein d'idées, avec vidéos insérées (et quelques pubs bien ciblées et bien réalisées).





images @ influencia

Le street art est exposé dans les musée, le street style a trouvé sa place dans les magazines... Pas de doute la rue est tendance. Hier encore reservée à des opérations exceptionnelles pour des marques plutôt jeunes, la rue a acquis une reconnaissance sur tous les plans. En terme de communication c'est un "univers de tous les possibles" qui génère des innovations et des campagnes toujours plus créatives. Géant, évenementiel, provocateur, arty ou high tech, le street marketing explose bien au-delà de l'affichage...

La ville et le quotidien sont des réserves d'expériences incroyables. Mais pour interpeler le consommateur dans son quotidien et sa vie sociale, la marque se doit avant tout d'être relationnelle. Où, quand, de quelle façon faut-il s'exprimer ? Sortir dans la rue ne doit pas faire sortir les marques de leurs gonds. Si tout le monde, même les offres premium de Barclays, peuvent faire du street, les modalités d'expression de la marque doivent être bien pensées en amont.

Mise en scène par Qashqai ou Nike, la rue n'est plus seulement un lieu mais un territoire imaginaire riche et dynamique. Mais si l'underground devient mainstream voire main street, ne perd-t'il pas sa valeur de contestation et sa créativité ? Le tag est presque devenu un topoi dans certains marchés. On le retrouvera par exemple sur les trousses et les cahiers d'écoliers... Le macadam va t'il s'user à force d'être colonisé par les marques ?

02/09/2010

Masterchef, la cuisine est tendance

"La cuisine est tendance", c'est le chef Frédéric Anton, meilleur ouvrier de France et 3 étoiles au Michelin, qui le dit. Il fait partie des membres du jury de l'émission MasterChef qui a débuté sur TF1. Son collègue, le critique culinaire Sébastien Demorand, affirme que «La cuisine est le loisir culturel préféré des Français». Loisir culturel ? Tendance ? Cela fait des milliers d'années qu'une partie (féminine) de la population cuisine tous les jours pour nourrir ses proches, mais aujourd'hui, la cuisine est devenue à la mode. Elle est sur TF1 en prime time, cela suffit à le prouver, non ? Elle est partout, sur tous les médias, elle revient avec ses icônes dans la publicité et surtout elle a pris un nouveau sens.





Pour Estelle Boutière, analyste médias au cabinet NPA interviewée par le gratuit 20 Minutes, "La cuisine plaît parce qu'elle fait écho au quotidien des téléspectateurs. Sans doute plus que les télécrochets musicaux qui s'essoufflent un peu.» Après la fabrique de stars de la musique, la fabrique de vedettes des fourneaux ? Le principe est bien le même : des anonymes, professionnels ou amateurs, ont l'occasion de transformer leur vie gràce à leur passion. Il y a quand même une différence notoire. Star Academy et La Nouvelle Star surfent sur une tendance aspirationnelle. Ils permettent à chacun de devenir une star, de réaliser un rêve commun mais rarement accompli, car l'univers des professionnels de la musique est loin d'être accessible à tous. Au contraire la cuisine appartient en effet à la sphère du quotidien, elle est souvent liée à la famille, à l'enfance... Elle peut devenir de l'art mais reste une pratique différente de la musique dans son origine. Il y a bien une métamorphose, une "starification" dans ces émissions culinaires, mais elle s'enracine dans une expérience partagée par tous, une activité utile, authentique et conviviale.



images Masterchef

Eclairage rétrospectif par des chercheurs affutés :

Jean Claude Kauffman, sociologue, directeur de recherche au CNRS, a mené des entretiens approfondis sur la cuisine contemporaine. Il expliquait quelques-uns de ses résultats dans une interview de 2005 qu'on peut encore lire sur l'internaute.
Dans les chiffres (même s'ils datent un peu) la cuisine reste une tâche ménagère attribuée aux femmes. "Si aujourd'hui en théorie presque tout le monde est favorable au partage, dans la pratique on en est loin…10 % d'hommes prennent en main la cuisine de tous les jours. Mais le plus souvent, les hommes préfèrent cuisiner pour les grandes occasions, pour épater la galerie, en laissant évidemment toute la vaisselle derrière !" C'est souvent cette cuisine-là qui arrive à la télévision.
"(...) Derrière la cuisine se cachent des enjeux de taille : alimentaire, relationnel, affectif, culturel… Elle participe à la construction de la famille." Et la famille est en pleine mutation. La cuisine est non seulement un révélateur mais joue un rôle central dans les changements de fond qui sont en cours.

Jean Pierre Corbeau, sociologue à l'université Rabelais de Tours (ça ne s'invente pas!), interrogé par Auféminin.
"La cuisine a changé de sens. D’abord, elle représente une nouvelle forme de loisir et non une contrainte quotidienne et sexuée. Mais plus encore, cuisiner est une forme de jeu, au sens de ludus, et aussi un jeu de représentation. "Un dîner presque parfait" notamment est devenu un spectacle créateur de dynamiques imitatives. Recevoir, partager, préparer pour les autres est alors un moyen d'exister, de se construire un pouvoir de type affectif, d'être parfois prestigieux."
"De plus, cette activité donne confiance car elle permet d’être acteur de son alimentation ou de celle de ses proches. En y participant, on se rassure sur la nature et la qualité de ce que l’on incorporera. (...) Le retour du "fait maison" plonge ses racines dans un besoin de réappropriation de son alimentation par le consommateur. Il s'agit aussi d'une recherche de sensorialité et d'ancrage temporel pour des personnes qui passent leur journée devant un ordinateur et sous pression permanente. Les 25-40 ans sont des "mangeurs pluriels" qui vont certes cuisiner parfois à partir d'ingrédients bruts mais aussi acheter du tout-prêt auquel ils sont accoutumés depuis l'enfance."

Reste à espérer que le succès des émissions de cuisine, à l'instar des télé-crochets musicaux, aient une influence sur les pratiques des Français. Elles pourraient servir de catalyseur aux changements sociaux en mettant en scène des hommes et des femmes heureux de cuisiner, et se réalisant à travers cette pratique quotidienne. Gratter une guitare est redevenu une activité mode et accessible, la cuisine pourrait aussi devenir très glamour... surtout pour la gent masculine ??

A lire : Jean Claude Kauffman Casseroles, amour et crises, Ce que cuisiner veut dire. Armand Colin, 2005.